« Car je suis le plus petit des apôtres, moi qui ne suis pas digne d’être appelé apôtre parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais ce que je suis, je le dois à la grâce de Dieu et sa grâce à mon égard n’a pas été vaine » (1re Épître aux Corinthiens)
Architecte du christianisme, missionnaire et épistolier inlassable, comment parler de Saint Paul sans passion ? Au cours de périples épuisants dans toutes les grandes villes d’Asie Mineure et de Grèce, Paul n’a eu de cesse de propager la bonne nouvelle de la résurrection de Jésus, mort crucifié à Jérusalem. Ce Jésus, qu’il n’a pas connu, il s’est totalement mis à son service. Sa joie ? L’annoncer et vivre pour lui. Son rêve ? Souffrir et mourir pour lui.
Toute son existence sera marquée par le désir immense d’annoncer le Christ aux incroyants. Il le fera avec audace et courage, trouvant les mots qu’il fallait pour expliquer et convaincre. Paul avait le feu des convertis et un amour profond du mystère chrétien. Avec lui, l’évangile s’est propagé comme une traînée de poudre.
Le persécuteur des chrétiens
Paul en est né à Tarse, ville située au sud de l’actuelle Turquie, au début de l’ère chrétienne. Élevé dans un strict judaïsme, élève du grand rabbin Gamaliel auquel sa famille l’a envoyé à Jérusalem, Paul est aussi un excellent théologien. Il est intelligent et cultivé. Quand il apparaît dans le récit des Actes des Apôtres, il a 30 ans.
Les persécutions contre ceux qui affirment que Jésus, leur chef, aurait ressuscité après avoir été crucifié, commencent. Paul se montre un ennemi acharné des premiers chrétiens. Il participe à la lapidation d’Étienne, un disciple de ce Jésus (Actes 7, 22). Les jours suivants il poursuit les autres disciples de Jésus : « allant de maison en maison, il arrachait hommes et femmes et les jetait en prison » (Actes 8, 3).
La conversion de Paul
Mais la destinée de Paul va être bouleversée. Alors qu’il s’apprête à anéantir les derniers amis de Jésus, advient un événement qui le marquera à vie. Sur la route de Damas, il est ébloui par une lumière venue du ciel, saisi par une voix, violemment jeté à terre : « Paul, Paul, pourquoi me persécutes-tu ? ».
À plusieurs reprises, Paul parlera de cet épisode, au cours duquel il « voit » la gloire du Seigneur ressuscité. Aveugle, il est relevé par ses compagnons, conduit chez un chrétien du nom d’Ananie. Là, il reste « trois jours sans boire ni manger » (Actes 9, 9) avant d’être baptisé, d’entrer dans la communauté chrétienne et de retrouver la vue. Sa vie change d’un coup : le Christ devient son maître !
Trois voyages
Entre 44 et 58, Paul fera trois voyages autour du bassin méditerranéen, passant d’un port à un autre, visant les grands centres romains où il sait trouver des communautés juives ou des connaissances pouvant lui servir d’appui. Très vite, il crée des communautés chrétiennes et multiplie les conversions.
Luc, l’évangéliste et fidèle médecin, accompagnateur de Paul pendant de longues années (il est l’auteur des Actes de Apôtres) montre la grande place que les femmes tiennent dans sa mission. Elles l’accueillent, l’aident, l’encouragent. Dans nombre d’Églises fondées par lui, Paul, que l’on taxe trop volontiers de misogyne, leur confiera des responsabilités importantes.
Un caractère pas facile !
Très vite, le caractère de Paul s’affirme. Il a de brusques sursauts de colère et de tendresse, d’enthousiasme et de déprime. C’est une vraie tornade. Il travaille et prie beaucoup, vit si profondément son attachement au Christ que son apparence physique se transforme. Ce petit homme chauve et qui ne paie pas de mine, déploie une énergie incroyable.
La vigueur de sa pensée impressionne. Lui qui n’a jamais connu Jésus « par la chair » il entend faire connaître par tous les moyens Celui qu’il a rencontré dans le plus profond de son cœur et dans des circonstances étonnantes. Ce n’est pas un excellent orateur mais, quand il parle, c’est avec de tels accents de vérité qu’on s’arrête pour l’écouter.
Que dit-il ?
Que le Christ est présent concrètement en chacun et dans le monde, qu’un Dieu crucifié transforme les êtres, les aime gratuitement, les rejoint en profondeur par la puissance de sa résurrection. Paul enseigne que tous les hommes sont sauvés par la foi au Christ et par le baptême.
Rempli de l’Esprit saint, le chrétien vit, malgré les épreuves, dans la joie et l’amour du prochain, en pleine communion avec le Christ. « Pour moi vivre, c’est le Christ », proclame saint Paul, donnant ainsi à tout chrétien le sens de sa propre vie.
Pourquoi lire saint Paul ?
Parce qu’il apprend à placer Jésus Christ au centre de tout son être, de manière à être essentiellement marqué par la rencontre, la communion avec le Christ et sa Parole. Il donne aussi à toute vie chrétienne un grand souffle missionnaire. Paul affirme que tous les hommes sont appelés à connaître Jésus crucifié et ressuscité.
Enfin, il est l’apôtre de la vie dans l’Esprit saint. Pas plus que Jésus, il ne définit l’Esprit saint, mais à chaque instant il le fait découvrir à l’œuvre dans une vie fidèle au Christ. Aujourd’hui où beaucoup sont tentés d’en rester à une admiration esthétique de Jésus de Nazareth, Paul est là pour redire que la rencontre du Christ ressuscité nous appelle à une conversion profonde de nos pensées et de notre action. Et qu’ainsi nous deviendrons, dans le souffle de l’Esprit, un homme nouveau, une femme nouvelle.
Source : croire.la-croix.com